Né en 1992, j'ai grandi entre les montagnes du Vercors et des Hautes-Alpes. Il y a quelques années, je lève les yeux vers l’observatoire astronomique du pic de Bure, perché au-dessus de mon village, et je réalise l’édifiante articulation entre ses travaux sur les origines du monde et son implication dans une série d’accidents de téléphérique ayant frappé le territoire. Cette soudaine prise de conscience dans ce décor si ordinaire à mes yeux m’insuffle l’idée d’un premier film documentaire, La première étoile. J’imagine ainsi un portrait organique et sensoriel de ce pic unique, géant minéral à la fois protecteur et tortionnaire de ses habitants. Ce travail au long cours creuse peu à peu chez moi une curiosité pour les récits et les représentations que l'on s'invente pour se connecter au monde, et plus particulièrement les imaginaires fantasmés que peuvent faire émerger les situations d’isolement. Plus tard, je m’aperçois des liens entre ces thèmes et ma trajectoire personnelle, en m’intéressant à la pensée visionnaire de mon grand-père Claude, farfelu ingénieur aérospatial qui rêvait de faire pousser des plantes sur Mars, par ailleurs collectionneur d’images Malabar et de papiers d’oranges, et syndicaliste pourfendeur du groupe Lagardère. De là commence Mars Academy, second projet de film pour lequel j'ai participé à une fausse expédition martienne au fin fond du désert de l’Utah.

Par mon parcours d’étudiant en audiovisuel puis en école d’art, où j’ai eu un travail de performance sur la matérialité des supports vidéo, je considère également le cinéma comme un élément pouvant s’étendre et s’imbriquer dans d’autres réalisations. La création et la régie vidéo dans le théâtre me permettent ainsi de lier l’image à ce qui peut s’animer hors de son cadre, dans l’espace et la temporalité du spectacle vivant. Enfin, je suis l’un des initiateurs d’Échos, un festival de musique improvisée diffusée par des trompes géantes dans une vallée de montagne à l’acoustique singulière, un dispositif permettant là aussi une écoute allant au-delà de la frontalité du concert.

Je vis et je travaille à Marseille, et mes travaux ont été vus à la Gaîté Lyrique, au Batofar et au Petit Bain (Paris), au Lieu Multiple (Poitiers), au Cube (Issy les Moulineaux), au TNS (Strasbourg), au Théâtre des Amandiers (Nanterre), à Montévidéo, au ZEF et au Vidéodrome 2 (Marseille), aux Subsistances et au Périscope (Lyon), à la Maison de L’eau (Le Mans), au Bourg (Lausanne), etc.